Retraite

Réforme 2026 : Un nouveau visage pour les retraites

À partir de 2026, les retraités français ne bénéficieront plus de l’abattement automatique de 10 % sur leurs pensions au titre des frais professionnels. Un nouveau dispositif forfaitaire de 2 000 euros viendra s’y substituer, pour un gain fiscal concentré sur les petites retraites et une ponction accrue sur les plus aisés.
 

Une réforme budgétaire et sociale

C’est un changement de paradigme pour les 14,9 millions de ménages retraités. Jusqu’à présent, ces derniers bénéficiaient d’un abattement de 10 % sur leurs pensions au moment de déclarer leurs revenus, dans la limite de 4 123 euros par an. Ce mécanisme, hérité d’une époque où les retraités étaient en minorité, était censé simuler des frais professionnels… que les pensionnés n’ont plus. Jugée obsolète par Bercy, la niche fiscale coûte aujourd’hui près de 5 milliards d’euros par an à l’État.

 

Dès 2026, ce régime sera abrogé au profit d’un abattement forfaitaire unique de 2 000 euros par an, quelle que soit la pension déclarée. L’annonce a été confirmée mardi 16 juillet sur France 2 par le ministre de l’Économie, Éric Lombard : « On va transformer la déduction de 10 % des revenus en une déduction de 2 000 euros pour tout le monde ». Cette mesure figure dans le plan de « désenchevêtrement fiscal » détaillé par le Premier ministre François Bayrou lors de sa conférence de presse, dans le cadre de la préparation du budget 2026. « Les avantages pour frais professionnels ne sont pas justifiés pour l’ensemble des foyers », a-t-il déclaré, en évoquant sa volonté de supprimer les « niches fiscales inutiles ou inefficaces ».

Le gouvernement revendique une approche de justice sociale. L’objectif est triple : alléger la pression fiscale sur les retraités modestes, maintenir le pouvoir d’achat des pensions moyennes, et faire contribuer davantage les retraités les plus aisés. « Nous ferons la différence entre les foyers qui ont besoin d’aide ou dont les revenus méritent qu’on s’y attache, et ceux qui sont au-dessus en termes de capacité », a précisé le chef du gouvernement. Le nouveau dispositif s’inscrit dans une stratégie de redéfinition des allègements fiscaux, avec des critères plus ciblés que le simple pourcentage appliqué à l’ensemble des pensions.
 

Un impact différencié selon les niveaux de pension

Dans le détail, les retraités les plus modestes, situés au bas de l’échelle de l’impôt sur le revenu, verront leur fiscalité baisser. Pour ceux qui percevaient moins de 20 000 euros de pensions par an, le nouvel abattement forfaitaire de 2 000 euros sera plus favorable que l’ancien système proportionnel. En revanche, au-delà de ce seuil, l’effet devient progressivement neutre, puis défavorable.

 

« En compensation, la fiscalité des retraités qui gagnent plus de 20 000 euros par an sera légèrement augmentée », a admis Éric Lombard. Pour un retraité percevant par exemple 35 000 euros de pension annuelle, l’ancien abattement de 10 % représentait 3 500 euros. Le nouveau forfait plafonné à 2 000 euros entraînera une augmentation de la base imposable de 1 500 euros. Cette évolution pourrait être d’autant plus sensible que le gouvernement envisage un gel des pensions en 2026, c’est-à-dire une absence de revalorisation liée à l’inflation.

 

Le caractère uniforme du nouveau forfait permet aussi de simplifier la gestion administrative pour l’administration fiscale. Mais au-delà de la rationalisation technique, l’enjeu est aussi politique et budgétaire. En plafonnant de manière linéaire l’avantage fiscal, le gouvernement récupère une marge de manœuvre budgétaire estimée à plusieurs centaines de millions d’euros, tout en affichant un effort de redistribution.

 

Le débat sur les niches fiscales applicables aux retraités n’est pas nouveau. Déjà en 2023, la Cour des comptes pointait leur coût croissant, dans un contexte de transition démographique et de pression sur les finances publiques. Cette réforme, en rompant avec une logique uniforme au profit d’un ciblage redistributif, pourrait faire figure de précédent dans le traitement fiscal différencié des contribuables en fonction de leurs revenus.